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Educ Ther Patient/Ther Patient Educ
Volume 3, Number 2, Décembre 2011
Supplément
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Page(s) | S401 - S405 | |
Section | Analyses et réflexion/Analysis and reflection | |
DOI | https://doi.org/10.1051/tpe/2011112 | |
Published online | 19 September 2011 |
Article original/Original article
Avoir (une maladie) ou être (malade)⋆
To be (sick) or to have (an illness)
1
Faculté de Médecine, Université de Foggia,
Italie
2
Laboratoire de Pédagogie de la Santé, EA 3412, Université Paris
13, France
⋆⋆ Correspondance : Jean François d’Ivernois,
Laboratoire de Pédagogie de la Santé, EA 3412, Université Paris 13, 74 rue Marcel Cachin,
93017 Bobigny Cedex, France, dpss@smbh.univ-paris13.fr
Introduction : On constate que le langage courant emploie quasi constamment le verbe « avoir » quand il s’agit de maladies aigües (par exemple : avoir une pneumonie). Il semble réserver le verbe « être » à des états qui se manifestent depuis de longues années et aux maladies chroniques (par exemple : être diabétique). Tout se passe comme si la maladie, qui se fait sentir quotidiennement par ses manifestations et les contraintes thérapeutiques qu’elle impose, finissait par englober son porteur dans une identité de malade, selon la séquence : on « a », on « devient », on « est ». Mais aussi, l’emploi des verbes « avoir » ou « être » peut prendre un sens différent selon qui parle : le médecin ou le patient. Les médecins, en particulier les spécialistes (qui diffèrent de ce point de vue des généralistes), peuvent avoir recours plus facilement au verbe « être » alors que les patients chroniques ne passent pas si facilement de « avoir » à « être ». Dans la majorité des cas, ils préfèrent « avoir » une maladie chronique, ce qui peut signifier que la maladie qui leur est imposée épargne leur être, mais surtout, qu’ils ne s’y identifient pas, par peur de la marginalisation, de la stigmatisation : « être » différent, parce que malade chronique peut vous éloigner des autres. Objectif : Cet article est une réflexion de nature linguistique et philosophique. Il invite à confirmer par la recherche les hypothèses avancées par les auteurs sur l’emploi des verbes « avoir » ou « être » dans les maladies chroniques. Méthode : Les auteurs présentent l’exemple d’une série de maladies chroniques qui sont exprimées exclusivement par le verbe « avoir » et d’autres pour lesquelles il est habituel (chez les médecins et/ou chez les patients) d’utiliser simultanément « avoir » et « être ». Conclusion : Apprendre que l’on « a » une maladie chronique signifie aussi apprendre que l’on « est » définitivement malade. Les médecins doivent choisir attentivement leurs mots quand ils annoncent pour la première fois au patient le diagnostic d’une maladie chronique. Les soignants sont donc invités à réfléchir, en particulier dans leur rôle d’éducateur thérapeutique, dans quel cas, à quel moment et dans quelles circonstances, l’emploi d’un verbe se justifie davantage que celui d’un autre.
Abstract
Introduction: The current language almost always employs the verb “to have” when it refers to acute diseases (e.g., to have pneumonia). It seems to reserve the verb “to be” to illnesses that occur for many years and to chronic diseases (e.g., to be diabetic).Manifesting with daily symptoms and therapeutic constraints, the disease, finally creates the patient’s identity trough the sequence: one “has”, one “becomes”, “one is”.But also, the use of the verbs : “to have” or “to be” can take different meanings depending on who speaks: the physician or the patient. Physicians, especially specialists (who are different from this point of view from general practitioners) more easily use the verb “to be” while chronic patients do not pass so easily from “to have” to “to be”. In most cases, they prefer “to have” a chronic disease, which may mean that the disease imposed on them spares their being, but also that they do not identify themselves with the disease because of the fear of marginalization, of stigma: “being” different, because chronically ill, away from the others. Objective: This article is a linguistic and philosophical reflection. It requests a confirmation of the hypotheses advanced by the authors on the use in chronic diseases of the verbs “to have” or “to be”. Method: The authors give as example a range of chronic diseases that are exclusively acompanied by the verb “to have” and others for which either “to have” or “to be” are frequently used (by physicians and / or patients). Conclusion: To learn that one “has” a chronic illness also means learning that one “is” definitely sick. Physicians should carefully choose their words when they announce for the first time the diagnosis of a chronic disease. Health care providers should reflect, particularly as patient educators, in which case, when and under what circumstances a verb is more appropriate than another.
Mots clés : maladie chronique / avoir / être / patients / médecins / éducation thérapeutique
Key words: chronic disease / to have / to be / patients / physicians / therapeutic patient education
© EDP Sciences, SETE, 2011
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